sexta-feira, 18 de setembro de 2009

L'homme et le corps


Un petit et étrange conte. Pour s'amuser un peu...

Quand Maurice Clément a ouvert les yeux, encore un peu étourdi à cause de la chute, elle était là, tout près de lui, de dos.
À mesure que la poussière baissait il la voyait de plus en plus clairement. Oui, c’était vraiment une femme. Son corps allongé jusqu’à l’infini, où le regard n’arrive plus, avait des courbes si sinueuses, qu’il pouvait s’y jeter et s’y amuser comme un enfant dans un toboggan.
Clément, un homme de la rue, banal comme un facteur qui passe le matin, s’est frotté les yeux, s’est pincé pour avoir la certitude de sa vision (c’était réel). Il s’est alors levé. En se levant, cet homme si plein d’histoires et d’aventures au long de sa vie, qui pensait avoir assez vécu, s’est rendu compte que la vie lui reservait encore une fois quelques expériences inconnues. Alors, d’un seul coup, il a respiré profondément, a plié les genoux pour prendre de la vitesse et a couru. Il a couru. Il a couru en sentant le vent glisser dans ses cheveux, il a couru avec les bras ouverts et la gaieté qui criait: “Allez! Allez! Soyez léger, libre comme un enfant!”
Plus il courait, plus elle était grande. C’était comme une montagne à l’horizon, cette trace sinueuse qui divise le ciel de la Terre et qui grandit quand on s’approche. Il a attrapé par-dessous, avec respect, l’extremité du petit doigt d’un des ses pieds qui se reposaient sur la pelouse, et l’a grimpé avec euphorie, mais soigneusement. Le temps pourrait bien s’arrêter. Il escaladerait pour toute l’éternité. Il glisserait comme maintenant, jusqu’à la mort, chaque centimètre de peau, en sentant le parfum de transpiration de cette sinueuse montagne. C’était vraiment amusant.
Clément pourrait bien s’arrêter ici. Il s’était beaucoup amusé. Mais non. Quand on s’aproche d’une femme, ce n’est pas facile de s’en éloigner. Il ne sait plus, aujourd’hui, si ça s’est passé à cause de la couleur rose de cette peau qui l'a séduit, ou de sa curiosité d’explorer l’inconnu, qui l’a fait parcourir ce corps là si longtemps. Il s’est perdu dans les poils dorés. Il a vécu comme un pèlerin d’un sein à l’autre au fil des jours et des nuits. Ivre, dépendant de cette odeur dont il retirait sa force, mais qui le tuait petit à petit, comme une drogue que l’on veut toujour laisser, mais qui nous donne autant de plaisir.
Récemment, Clément, qui se traînait avec son enorme barbe par les doux chemins de la jambe droite (qui ces jours-là avait l’odeur du jasmin), tout à coup s’est arrêté. Une délicate fermeture éclair s’approchait de lui, à la façon d’un train, et il a profité de l’occasion pour faire un voyage. Il a parcouru un long chemin tout rouge, comme les vastes champs de tulipes de son pays d’origine.
Le giron. Le col. Les épaules. À la fin de trois jours il a débarqué. L’escalade jusqu’à la nuque a commencé. Les inexplorées terres du cou. Les cheveux, le coin de l’oreille, une petite tâche, le coin de la bouche. Il est arrivé.
Oui, c’était comme le ciel. Si on peut tomber par terre dans le corps d’une femme, c’est dans son visage qu’on se découvre vivant. Un seul sourire et toute l'obscurité du monde disparaît. C’est ici où le soleil vient le matin recueillir la lumière du jour. Maurice Clément s’est assis enfin, à côté du nez, tout près des grandes étoiles, ces yeux bleus de la couleur du ciel qui vient d’arriver pour lui, et a poussé un soupir de soulagement. Il a fermé les yeux lentement. A ce moment là, au dessus de lui, un mouvement arrive. Un bruit qui semblait celui de l’eau, et un petit étang s’est formé autour de lui. Un étang salé, qui est devenu rapidement un petit fleuve, puis un fleuve qui courait avec vitesse, turbulant. Une chute d’eau, une cascade, et Clément a coulé. Il reste alors un fil scintillant, une trace de vie qui noye un homme dans un corps. Une goutte de femme. Un homme mort qui parcourt un corps dans un fil de larme.

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